De nos jours, êtres humains et machines génèrent des données plus vite qu'il n'est humainement possible de les absorber et de les interpréter pour prendre des décisions complexes. L'intelligence artificielle est la base de tout apprentissage par un ordinateur et représente l'avenir des processus décisionnels complexes. Par exemple, la plupart des êtres humains peuvent apprendre à ne pas perdre à une simple partie de morpion, alors qu'il existe 255 168 actions possibles, dont 46 080 mènent à un match nul. En revanche, les champions du jeu de dames sont plus rares, étant donné qu'il existe plus de 500 x 1018 (500 trillions) de coups possibles. Les ordinateurs sont capables de calculer ces combinaisons et les meilleures permutations possibles très efficacement, afin de prendre la bonne décision. L'IA (avec son évolution logique, le machine learning) et le deep learning représentent l'avenir de la prise de décisions.
Ces risques imposent une réflexion éthique forte et exigent du chercheur en robotique qu’il place l’homme au centre du dispositif. Les préconisations de la CERNA l’illustrent bien. Il s’agit de toujours maintenir la distinction homme/machine à mesure qu’augmente la sophistication dans l’imitation du vivant et de ses interactions sociales ou affectives, et aussi de pouvoir encadrer l’autonomie et les capacités décisionnelles du robot. Accès aux boîtes noires des systèmes, autorisation de mise sur le marché des nouveaux robots, traçabilité et transparence des données… les chantiers politiques et réglementaires ne manquent pas pour accompagner la « cohabitation » des robots et des Hommes.
Mais si les enjeux éthiques et de régulation doivent être anticipés, LA question à se poser maintenant est bien celle des fonctions que nous souhaitons attribuer, déléguer ou partager avec les robots. Pour Anne-Sophie Rigaud, chef de service à l’hôpital Broca, la réponse ne peut être que le fruit d’un travail collectif sur les besoins des personnes. Son expérience en living lab auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer suggère qu’il faut privilégier la co-élaboration par une confrontation des besoins des usagers, des aidants et des professionnels de la santé. Il s’agit de ne pas faire prévaloir un besoin sur un autre en cas de conflit d’intérêt (surveiller pour les aidants versus diagnostiquer pour les professionnels par exemple) et surtout d’entendre la diversité des attentes des usagers. Les personnes en situation de « déséquilibre », qu’il s’agisse de vieillissement pathologique ou de dépendance, veulent, pour certaines, une simple assistance à la vie quotidienne et préféreront un robot qui prendra la forme d’un meuble. D’autres souhaitent de la stimulation cognitive ou une présence rassurante, et le robot prendra alors plutôt la forme d’un humanoïde ou d’un animal de compagnie. Dans tous les cas, souligne Anne-Sophie Rigaud, prévalent les exigences de respect de l’intime, d’utilité effective, de facilité et de plaisir d’usage. Pour être accepté, le robot doit respecter la liberté des personnes qui expriment clairement le besoin « d’être en contrôle de la machine ». Quant à la preuve de l’efficacité thérapeutique du robot social, elle a pu être faite par des études randomisées en atelier d’animation et en thérapie relationnelle individuelle pour les malades atteints de troubles du comportement et de la communication avec le PARO par exemple.
Faut-il craindre, dans ce contexte, un remplacement de l’homme par une machine qui pourrait, même à terme, le « dépasser » ? Pour Anne-Sophie Rigaud, nous sommes plutôt dans « une grande complémentarité » des tâches. Par ailleurs, au-delà de la question du souhaitable, le robot n’a tout simplement pas, aujourd’hui, les compétences de l’homme, ne serait-ce qu’en termes de reconnaissance vocale – il est incapable de détecter une voix dans le bruit – ou en termes de compréhension des émotions – limitée pour l'instant à un petit nombre d'états affectifs. Illustration du hiatus entre fantasme (transhumaniste) et réalité : le robot social le plus utilisé en EHPAD (il n’y en a que quarante en France, mais environ deux mille au Danemark), est le PARO, une peluche qui réagit à la chaleur et au toucher !
Pour autant, la mainmise sur les données des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), l’absence de collaboration européenne face à la compétition chinoise et étasunienne de même que la nature des secteurs visés par la robotique interactive – éducation, santé, armement – incitent à réguler. Et parce que des règles posées a posteriori pourraient ne pas être suffisantes, l’éthique propose une co-conception dès maintenant. Pour préparer l’avenir que nous souhaitons et non subir la rupture technologique, un « Conseil supérieur des algorithmes » pourrait être institué afin d’assurer leur transparence et de contrôler les données qui décident du degré d’autonomie des robots. Laurence Devillers suggère enfin d’intégrer dans les programmes éducatifs, dès la petite enfance, une initiation à la robotique, avec pour objectif de la démystifier et de préparer les générations futures aux nouveaux métiers du numérique.
Voici une vidéo explicative du chien robot de Boston Dynamics par le youtubeur Amixem : Vidéo du youtubeur Amixem
Dans l'industrie, les robots servent à effectuer des tâches répétitives lorsque les processus de fabrication sont fréquemment soumis à des modifications. Ils offrent :
Ils permettent de transporter de biens ou des personnes sur des trajets prédéfinis ou programmés.
Ils permettent de reproduire les mouvements du chirurgien en temps réel avec une grande précision.
Dans les usages domestiques, les robots peuvent faire de multiples tâches ou simplement nous divertir.
Ils ressemblent à l'être humain. Cette forme de robotique est souvent la principale motivation des roboticiens. Ils pourraient être employés dans les tâches qui demandent une étroite collaboration avec l'homme. La ressemblance à l'être humain est un facteur essentiel de l'acceptation de la machine par l'homme.