Les Fake News ne sont pas une invention d'aujourd'hui
, déclare Daniel Tyradellis, qui, en tant que conservateur, a récemment mis sur pied l'exposition «Fake« au Stapferhaus de Lenzbourg (AG). Avec les ragots, les bavardages et les fameuses rumeurs – composées de semi—vérités et de contre—vérités – les gens ont toujours essayé de manipuler l'opinion des gens.
Mais avec Internet et les réseaux sociaux, les semi—vérités et les inventions complètes se répandent désormais sur la planète en quelques minutes. La frontière entre le vrai et le faux est floue, car elle dépend de l'attitude du destinataire.Ce qu'une société considère comme vrai a davantage à voir avec les décisions sociales qu'avec le concept scientifique de vérité
, déclare le conservateur Tyradellis.
Le professeur Oihab Allal—Chérif explique : Les théories complotistes institutionnelles et malveillantes sont reprises par ceux qui y croient, qui les interprètent, les font évoluer, les combinent, et les relaient sous des formes différentes. Il s'agit d'une «uberisation« des fake news ou chacun en devient à la fois consommateur, producteur et diffuseur. Dans un monde où tout le monde se prend pour un expert et est victime de biais cognitifs, chacun pense qu'il est de son devoir d'alerter les autres sur ce qu'il a découvert ou compris et que des forces occultes nous cacheraient.
Toutefois, tout le monde n'a pas le même impact lorsqu'il diffuse une “fake news ”. Ainsi une étude a montré que les célébrités et les politiciens très suivis sur les réseaux sociaux se révèlent être des distributeurs clés de la désinformation relative au coronavirus, les facts—checkeurs et médias grand public ayant du mal à rivaliser avec la portée de ces influenceurs :
L'Oxford Reuters Institute for the Study of Journalism a révélé que si les politiciens, les célébrités et d'autres personnalités publiques de premier plan étaient responsables de la production ou de la diffusion de 20% des fausses déclarations sur le coronavirus, leurs publications représentaient 69% de l'engagement total sur les médias sociaux.
Un cas concret, celui de Donald Trump : Quel que soit leurs thèmes, les messages de l'ancien président étaient en effet retweetés dans des proportions hors—norme, lui conférant ainsi une influence majeure. En octobre 2020, la professeure en sciences de l'information à l'université du Colorado, Leysia Palen évoquait déjà ce phénomène en ces termes : « La machine à amplifier de Trump est incomparable «.
Une étude publiée par Election Integrity Partnership, un consortium de chercheurs sur la désinformation, a révélé que seulement 20 comptes Twitter conservateurs et pro—Trump — y compris le @realDonaldTrump — étaient la source originale de 20% des retweets publiant des récits trompeurs sur l'élection. Trump postait en moyenne plus de 1000 tweets par mois, avec près de 17 000 retweets chacun en moyenne, un volume sans précédent dans le monde anglophone, selon les chercheurs. Avec le socle d'un groupe de base de plus de 500 adeptes particulièrement enthousiastes qui retweetaient systématiquement tous ses tweets.
En outre, les internautes âgés de plus de 65 ans partageraient jusqu'à 7 fois plus de fausses informations que les jeunes de 18 à 29 ans, selon une étude publiée dans Science Advances, réalisée pendant l'élection présidentielle de 2016 aux Etats—Unis.
Une première raison à la diffusion des infox est la surabondance d'information.
Les propos mensongers auxquels les individus sont soumis se perdent dans le flux d'informations.
Les infox, bien qu'elles aient été identifiées comme fausses, deviennent donc banales et plutot que de susciter la polémique,
elles tendent à accroître la méfiance envers les instances et les experts.
Or, la diffusion des infox croît particulièrement lorsque la confiance vis—à—vis des élites dirigeantes diminue.
En effet, la méfiance entraîne une altération des repères qui permettent à l'individu de juger de la véracité des faits. Il s'ensuit un climat de doute qui pousse certaines personnes enclines à la naïveté ou au complotisme à diffuser des contenus pourtant démentis par les experts.
Le public est également responsable de la propagation des infox. En effet, en raison de facteurs tels que la naïveté ou la paresse cognitive, le public partage des informations non vérifiées. Ces informations sont la plupart du temps partagées dans un objectif positif : le partage d'informations jugées importantes par l'individu aux personnes de son entourage. Cependant, ce type de motivation induit la diffusion d'informations inexactes.
La diffusion des infox influence également la propension du public à les croire. La répétition de l'information dans le temps ainsi que la variété des sources (officielles ou non) relayant l'information provoquent un effet boule de neige. En effet, plus l'information est relayée, plus le public estime que celle—ci doit être vraie. Ce concept renvoie au mécanisme de vérité illusoire abordé dans la partie « vulnérabilité face aux infox «. La diffusion massive des infox influence donc de manière négative
Face au grand flux d'informations, les personnes sont moins attentives à ce qui est partagé. Plus une information est vue ou entendue, plus elle est considérée comme vraie. La répétition mène à l'idée de véracité. Ainsi, la simple lecture du titre renforcera la croyance dans le contenu de l'article sans même l'avoir lu.
la majorité des gens qui partagent Nordpresse en première ligne savent ce qu'ils lisent. Ensuite, cela s'affiche dans le fil d'actu de leurs amis, puis des amis de leurs amis… et là, on tombe sur des gens qui ne pigent rien.
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