Influence



Sur l'opinion :

Les fake news (traduction littérale : « informations fausses ou truquées ») font partie d'un phénomène mondial et leur impact est planétaire. La capacité des fausses nouvelles à induire en erreur entraîne une perception erronée de la vérité et, conséquemment, des jugements erronés relativement aux actions et aux politiques appropriées. Les fausses nouvelles sont répandues par les médias sociaux et les sites de fausses nouvelles, qui se spécialisent dans la création de contenu attirant l'attention et imitant le format de sources fiables. Mais aussi par des hommes politiques ou par les plus grands médias avec des visées politiques. Elles sont parfois utilisées dans les pièges à clics et l'hameçonnage par courriel, présentant du contenu sensationnaliste pour inciter les utilisateurs à cliquer sur un lien, ce qui permet à l'envoyeur d'infecter leur ordinateur avec un logiciel malveillant.Il existe un biais cognitif nommé « effet de mode » désignant un raccourci mental qu'effectue inconsciemment l'Homme. L'« effet de mode » (« bandwagon effect » en anglais) est le phénomène qui provoque l'augmentation d'un comportement ou de la consommation d'un bien ou d'un service chez des individus lorsqu'ils « savent qu'un grand nombre de personnes ont déjà ce comportement » ou utilisent ce bien. Peu importe que l'information soit véridique ou non, l'individu s'aligne sur l'opinion ou la pensée majoritaire afin de jouir d'une valorisation sociale. Cette dimension mimétique propagerait les fake news Interprétation abusive ?



Fake News graph



Lors des éléctions :

Des études anciennes, réalisées dès 1940, montrent que les informations n'ont généralement que peu d'influence directe sur le résultat des élections. Pour des chercheurs de l'université de New York ou de Stanford qui ont étudié les fake news durant la campagne présidentielle américaine de 2016, elles ont eu peu d'influence sur l'opinion et n'ont pas modifié le résultat au profit de Donald Trump. Les fake news ont beaucoup de portée mais peu d’impact. Le 16 juin 2017, dans le contexte de l'Affaire du Russiagate, Rod Rosenstein, Procureur général adjoint des États-Unis invite les Américains à « faire preuve de prudence avant d'accorder de la crédibilité à des informations attribuées à des fonctionnaires non identifiés ». Il a ajouté que « Le ministère de la Justice a depuis longtemps adopté une politique de ne pas confirmer ou nier de telles allégations ». Lors de la campagne présidentielle de 2017, quatre chercheurs, Oscar Barrera et Ekaterina Zhuravskaya de la Paris School of Economics et Sergei Guriev et Emeric Henry de Sciences Po Paris, établissent, à partir d'une étude menée auprès de 2 500 électeurs, que « le fact-checking échoue complètement à contrecarrer l'effet persuasif des arguments populistes fondés sur les faits alternatifs ».



Fake News



Dans le domaine de la santé :

L'un des terrains de prédilection des infox est la santé, marché énorme et thème très facilement viral sur les réseaux sociaux. Ainsi, la généralisation des réseaux comme Facebook a vu l'émergence d'une véritable industrie de la fake news médicale, avec des sites suivis par plusieurs millions de personnes et énumérant sur un ton sensationnaliste et toujours affirmatif, voire autoritaire, toutes sortes de fausses informations médicales, comme des « remèdes miracles » contre l'obésité, le cancer ou d'autres maladies complexes, relayant des idées conspirationnistes et anti-scientifiques contre la médecine, et nourrissant leur flux d'informations fantaisistes sur toutes sortes d'aliments ou de traitements, sans nom d'auteur ni source ou référence médicale. Les plus populaires sont Santé+Magazine (site détenu par un ancien cuisinier marocain reconverti dans l'e-business, devenu Santé Plus Mag) avec plus de 7 millions d'abonnés, mais aussi Santenatureinnovation.com, Sante-nutrition.org, Topsante.org ou encore Altersante.fr (détenu par un informaticien français professionnel des pièges à clics), tous massivement partagés par des internautes naïfs. Depuis 2020 s'ajoutent au palmarès Realfarmacy.com, globalresearch.ca, collective-evolution.com, mais aussi ripostelaique.com ou encore lesmoutonsrebelles.com. Aucun de ces sites n'est tenu par des médecins diplômés (ou même un quelconque personnel médical qualifié), et une grande partie appartiennent à des officines opaques utilisant de fausses identités et de fausses adresses de siège social.

L'un des fils les plus actifs sur le Facebook francophone, Santeplusmag (738 178 abonnés sur Facebook et plusieurs millions de partages, géré par l'homme d'affaires marocain Othman Kabbaj), diffuse essentiellement des informations exagérées ou fausses, aux titres racoleurs et bien souvent dénichées sur des sites qui colportent des rumeurs : « On y trouve pèle-mêle des révélations sur l'existence d'un vaccin contre le cancer, d'aliments bien plus efficaces que n'importe quel antidépresseur, de potions magiques pour maigrir, mais aussi des faits divers sordides ou des conseils sexualité farfelus et sexistes. [...] les articles sont écrits par une petite dizaine d'auteurs signant sous des pseudos qui laissent rêveur tels que "Noam Thérapie", "Jad Thérapeute" ou "Adam Yoga" ». Les infox virales sur les réseaux sociaux sont considérées[Par qui ?] comme un des principaux vecteurs de la « controverse sur la vaccination » et de celle concernant le réchauffement climatique[réf. nécessaire], ainsi que de la propagation de pseudo-médecines ou de théories complotistes notamment à propos de la COVID-19.





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Sur la mémoire :

Un article paru dans la revue Psychology of Popular Media en 2015 montre que lorsqu'un média publie des informations biaisées voire fausses, cela provoque chez le lecteur une distorsion importante de la mémoire.


Sur l'attention :

Une catégorie d'effets des infox renvoie à la question d'attention. En effet, l'attention des cybercitoyens est constamment sollicitée par des fournisseurs d'informations qui cherchent à exercer une certaine influence. Une étude démontre que le partage d'articles sur Facebook est plus important pour les fausses informations que pour les vraies informations. Certains individus choisissent donc de diffuser de fausses informations prioritairement aux vraies informations. Cette diffusion impacte directement l'attention qui est capturée et orientée davantage vers ces fausses informations


Sur l'affect et les émotions :

Les infox font appel à nos émotions et à notre affect, et non pas à notre raisonnement, ce qui génère des conséquences. En effet, elles suscitent des émotions différentes comme la colère, la solidarité, la peur, la surprise, la joie ou même le dégoût. Le sensationnel l’emporte donc sur le rationnel. Mais toutes ces émotions que nous ressentons nous poussent à commenter ou à partager ces fausses informations (c’est ce qu’on appelle l’action numérique), ce qui engendre de fausses croyances. Ces informations, parfois contradictoires, ne cherchent donc pas à nous informer mais à nous tromper, c’est pourquoi la méfiance sociale a atteint un niveau important et que les individus ne savent plus en quelles informations ils peuvent avoir confiance, ni même s'ils peuvent faire confiance aux vérificateurs d'informations. Pourtant, la vérification de ces informations nécessite un travail laborieux, produisant parfois du cynisme ainsi que de la frustration. confidentielle qu'une fausse en raison de l'intérêt des utilisateurs pour « la peur, le dégoût, et la nouveauté »



Fake News

Vulnérabilité face aux infox :



Lorsque les individus sont confrontés à des infox, leurs croyances et attitudes par rapport à l'objet de celles-ci peuvent être influencées. Cette vulnérabilité dépend de facteurs individuels et s'explique par différents mécanismes.



Procéssus déterminant la crédulité des personnes face aux infox :

Lorsque l'on présente une information à visée persuasive à un individu, celui-ci ne va pas toujours l'analyser en profondeur. Souvent, il va simplement traiter l'information de façon superficielle. Si rien ne semble l'alerter dans son contenu (concernant la véracité des propos), la personne ne va pas investiguer plus loin et sera susceptible de se laisser influencer. Si l'information semble s'appuyer sur une source scientifique qui soutient la position défendue dans le document, il y a de fortes chances pour que l'individu soit influencé positivement dans son sens.



Scepticisme et crédulité par défaut :



Fake News Scepticisme

Effet de vérité illusoire :

L'effet de vérité illusoire est un autre phénomène expliquant la vulnérabilité aux infox. Selon Unkelbach et Rom, plus une information serait répétée, plus les personnes qui y sont confrontées seraient susceptibles d'y croire. De plus, lors de la première écoute, des liens entre les différents éléments de l'information se forment au sein de la mémoire de l'individu. Dès lors, à chaque écoute de cette information ou d'une information comprenant les mêmes liens, ces derniers seront davantage renforcés. Si par après l'information s'avère fausse, cela n'a plus beaucoup d'effet. On a tendance à croire plus facilement une information répétée qu'elle soit fausse, ou vraie. En effet l'être humain est plus enclin à croire les fausses nouvelles même si elles étaient accompagnées par un avertissement que des vraies informations si celles-ci ne sont vues qu'une seule fois. Ce phénomène est surtout appuyé par les réseaux sociaux et médias dans le mécanisme des fakes news.



Induction d'infox :

Outre leur influence directe sur les jugements, si on confronte des personnes à de fausses informations qui semblent s'imposer comme des évidences, leur mémoire peut s'en trouver altérée. Un exemple parlant, qui provient des travaux d'Elizabeth Loftus, est le suivant: si on raconte un souvenir à une personne et que l'on modifie un détail en le présentant comme une évidence même de l'histoire, on peut influencer cette personne et effectivement l'amener à croire que cet élément reflète une expérience autobiographique. C'est ce qu'on appelle des Faux souvenirs induits. Ce concept a été travaillé dans une étude de Loftus nommée "Perdu dans un centre commercial". C'est une technique d'influence de la mémoire qui avait pour but de démontrer que des confusions étaient possibles sur des événements qui ne se sont jamais produits à partir de suggestions faites à des sujets d'expériences.



Myopie méta-cognitive :

La myopie méta-cognitive est un terme utilisé la première fois par Robyn Dawes. Cette myopie suggère que les individus se préoccupent davantage de l'utilisation correcte de l'échantillon d'informations qu'ils ont à leur disposition plutôt que de l'évaluation critique de l'origine de cet échantillon ainsi que de la validité des sources de celui-ci. Cette myopie méta-cognitive englobe donc l'approche spinozienne mentionnée ci-dessus.



Autres processus qui favorisent la vulnérabilité :

Certains travaux fondateurs en psychologie sociale nous alertent sur notre « tendance à croire » toute information à condition que celle-ci soit accompagnée d'un minimum d'arguments. Une étude démontre qu'il suffit de fournir aux individus un simple placebo de justification sans aucune validité pour obtenir d'eux de les dépasser dans la file du photocopieur universitaire. La fausse information fournie permet de dépasser les individus à même titre que si l'information fournie était réelle. Selon cette étude, il s'agit du principe d'économie cognitive qui prend le relais et qui épargne à l'interlocuteur le coût du traitement sémantique de ces informations en le plongeant dans une légère torpeur. Elle baptise cet état celui d'« abêtissement ». L’utilisation de ces raccourcis mentaux rend l’être humain victime de distorsions cognitives. Il s'avère que cette paresse cognitive se retrouve dans l'ensemble de la vie sociale. Elle se traduit à travers la tendance à juger le bien-fondé d'une information sur base de la structure argumentaire qui l'accompagne et non sur son contenu. En d'autres termes, une infox est rapidement perçue comme plus valide qu'elle ne l'est vraiment dès lors qu'une connexion se présente entre un objet controversé qui doit être légitimé et une source de légitimité. La paresse cognitive pousse à la confiance, un individu préfère ainsi postuler qu'une information est vraie plutôt que de vérifier par lui-même. Le processus que l'on appelle l'« effet troisième personne » est un phénomène qui consiste à penser que les autres sont plus vulnérables que nous le sommes à l'influence persuasive des médias sociaux. Si vous ne croyez pas aux fake news, mais que vous êtes persuadés que d'autres individus peuvent y croire, alors vous êtes sensible à cet effet. Une seconde étude menée par des chercheurs américains démontre que l'identification à un parti, les effets sociaux indésirables, et l'efficacité de la politique, augmentent l'effet troisième personne.



Différences individuelles :

Différents facteurs individuels peuvent également influer sur la vulnérabilité d'un individu face aux infox. Concernant le facteur âge, les résultats d'une première étude démontrent que, selon les conditions, les plus jeunes et les personnes âgées commettent autant d'erreurs de désinformation. Les résultats d'une seconde étude orientée sur le partage de faux articles lors de la campagne présidentielle américaine de 2016 démontrent que, les personnes âgées de plus de 65 ans ont partagé près de sept fois plus d'articles qui concernent de la fausse actualité que les personnes plus jeunes. Concernant les facteurs de personnalité, une étude menée sur 436 étudiants universitaires en Chine démontre que certaines dimensions qui proviennent du test de personnalité TCI-R influencent la relation qu'ont les individus avec les infox.



Fausses informations et question de la vértité :

L'identification des infox soulève la question importante de qui peut objectivement déterminer ce qui est vrai de ce qui est faux. Le spécialiste américain des médias Edward Herman a ironisé en 2017 sur la façon dont The New York Times, parmi d'autres médias mainstream, « ont exprimé bruyamment leur consternation face à la diffusion grandissante des "fake news" » alors même que ces journaux « diffusent régulièrement leurs propres formes de fake news, en relayant des informations fausses ou biaisées fournies par la sécurité nationale ou d'autres branches du gouvernement ». De même en France, selon Charlotte d'Ornellas journaliste au journal d'extrême droite Valeurs actuelles, tous les médias « classiques » dont l'audiovisuel public propagent des fake news comme la dénégation du risque d'infiltration de la vague migratoire liée à la guerre en Syrie par l'État islamique qui s'est révélée vraie par la suite. Pour Pascal Froissart, enseignant-chercheur, spécialiste de la rumeur, « Le grand danger, c'est de donner la responsabilité à l’État de dire le vrai du faux ».

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